Avec quelque retard, certes, je publie ces bons souhaits qu’un inconnu avait laissé sur ma table, dans un des bistrots pleins des charmes du Shouk Ha Carmel. Je me prends a rêver que ces vœux ne sont peut-être pas aussi pieux qu’il en parait.
Eddy Cohen
Mon cœur saigne lorsque l’idéologie, la mauvaise foi ou l’ignorance piétinent les belles valeurs du judaïsme. Le dialogue et le débat disparaissent, remplacés par des manifestations réprimées avec une violence policière sans précédent, indigne de notre peuple.
Mon cœur saigne devant l’accélération alarmante de la « latinisation » de notre société : l’effondrement de la classe moyenne au profit d’une minorité toujours plus riche, pendant qu’une majorité sombre dans la précarité.
Mon cœur saigne face aux incompréhensions tragiques entre extrémistes religieux et laïques, dont les haines opposées se rejoignent dans un même rejet de notre pays et de son avenir.
Mon cœur saigne surtout lorsque je réalise que notre menace existentielle vient moins de l’extérieur que de l’intérieur.
En cette veille de Pessa’h, je formule un vœu d’unité pour notre peuple :
– Que religieux et laïques s’écoutent, se comprennent et se respectent.
– Que Sépharades et Ashkénazes reconnaissent la richesse de leurs apports respectifs à l’édifice commun de notre nation.
– Que les plus fortunés fassent un usage éclairé de leur pouvoir pour atténuer la dureté de la pauvreté.
– Que le radicalisme s’efface au profit de l’écoute, de la nuance et de la solidarité.
Notre soif de liberté nous a jadis fait traverser miraculeusement la mer des roseaux pour fuir l’oppression. Aujourd’hui, recouvrer notre unité nous permettra peut-être de traverser un océan autrement plus périlleux, celui de l’ignorance, du fanatisme, de l’antisémitisme, et de tant d’autres menaces.
Pensons-y ce soir, lorsque nos enfants nous poseront la question :
« Mah Nishtanah HaLaylah Hazeh ? »
Hag Pessa’h Samea’h à toutes et à tous.
Solon HaMakshiv